Le portage salarial est un dispositif de plus en plus prisé par les travailleurs indépendants et les entreprises. Il permet de bénéficier d’une certaine flexibilité tout en offrant les avantages du statut de salarié. Cependant, cette pratique ne peut s’improviser et doit respecter une législation bien précise. Découvrons ensemble les règles encadrant le portage salarial et ses implications.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial est une relation triangulaire entre un travailleur indépendant, une entreprise cliente et une société de portage. Le travailleur indépendant exerce son activité en tant que salarié de la société de portage, qui lui verse un salaire et s’occupe des formalités administratives liées à son activité (facturation, cotisations sociales). L’entreprise cliente quant à elle, bénéficie des services du travailleur sans avoir à gérer les contraintes liées à l’embauche d’un nouvel employé.
Le cadre juridique du portage salarial
Afin d’encadrer cette pratique et d’éviter les abus, la législation française a intégré le portage salarial au Code du travail. La loi relative au dialogue social et à l’emploi du 17 août 2015 a ainsi défini le portage salarial comme « un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l’entreprise de portage. ».
Cette loi a également posé les bases d’une convention collective spécifique au portage salarial, signée en mars 2017 et entrée en vigueur le 1er juillet 2017. Cette convention collective précise les conditions de travail des salariés portés, leur rémunération minimale, ainsi que les droits et obligations des différentes parties prenantes.
Les conditions d’accès au portage salarial
Pour pouvoir bénéficier du dispositif de portage salarial, certaines conditions doivent être réunies :
- Le travailleur indépendant doit être un expert dans son domaine d’activité,
- Son activité doit être réalisable à distance ou en déplacement,
- L’entreprise cliente ne peut pas embaucher directement le travailleur indépendant (par exemple pour des raisons budgétaires),
- La société de portage doit être agréée par la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) et respecter les règles encadrant son activité.
Les avantages du portage salarial pour les travailleurs indépendants
Le recours au portage salarial présente plusieurs avantages pour les travailleurs indépendants :
- Le statut de salarié leur permet de bénéficier de la sécurité sociale, de l’assurance chômage, de la retraite et de la prévoyance,
- La société de portage prend en charge toutes les formalités administratives liées à leur activité (facturation, cotisations sociales),
- Ils conservent une certaine autonomie dans la gestion de leur emploi du temps et le choix de leurs missions.
Les avantages du portage salarial pour les entreprises clientes
Pour les entreprises clientes, faire appel à un travailleur indépendant via le portage salarial présente également des avantages :
- Elles bénéficient des compétences d’un expert sans avoir à gérer les contraintes liées à l’embauche d’un nouvel employé (contrat de travail, charges sociales),
- Elles peuvent adapter rapidement leurs besoins en fonction des projets ou des périodes d’activité,
- Le coût du service est généralement plus compétitif que celui d’un consultant en cabinet ou d’une prestation réalisée en interne.
Les obligations légales des entreprises clientes et des sociétés de portage
Afin d’assurer la protection des travailleurs indépendants et le respect du cadre légal, plusieurs obligations incombent aux entreprises clientes et aux sociétés de portage :
- L’établissement d’un contrat commercial entre l’entreprise cliente et la société de portage, précisant notamment la nature de la prestation, sa durée et son prix,
- L’établissement d’un contrat de travail entre le travailleur indépendant et la société de portage, respectant les dispositions de la convention collective du portage salarial,
- Le respect des obligations sociales et fiscales par la société de portage (déclarations URSSAF, versement des cotisations sociales, paiement des impôts),
- Le respect des règles liées à la santé et la sécurité au travail par l’entreprise cliente.
Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions financières et pénales pour les parties prenantes.
Les limites du portage salarial
Bien que le portage salarial présente des avantages certains pour les travailleurs indépendants et les entreprises clientes, il convient également de souligner certaines limites :
- Le dispositif est principalement adapté aux métiers intellectuels ou aux activités réalisables à distance,
- Les travailleurs indépendants doivent accepter une certaine perte d’autonomie par rapport au statut d’auto-entrepreneur ou de profession libérale,
- La société de portage prélève une commission sur le chiffre d’affaires du travailleur indépendant pour assurer ses services.
Ainsi, le portage salarial constitue une solution intéressante pour les travailleurs indépendants souhaitant bénéficier du statut de salarié tout en conservant une certaine autonomie. Les entreprises clientes y trouvent également leur compte en faisant appel à des compétences externes sans les contraintes liées à l’embauche. Toutefois, cette pratique doit être encadrée par une législation stricte afin de garantir la protection des travailleurs et le respect des règles en vigueur.