Le licenciement pour motif économique est une procédure qui peut susciter de nombreuses interrogations aussi bien pour les salariés que pour les employeurs. En tant qu’avocat spécialisé en droit du travail, nous vous proposons un tour d’horizon complet de cette problématique afin de vous apporter toutes les réponses nécessaires.
Qu’est-ce qu’un licenciement pour motif économique ?
Le licenciement pour motif économique est un type de licenciement qui intervient lorsque l’employeur doit se séparer d’un ou plusieurs salariés pour des raisons indépendantes de leur comportement ou de leurs compétences professionnelles. Il s’agit généralement de difficultés économiques, telles que la suppression d’emplois découlant d’une réorganisation interne, une baisse significative des commandes ou encore une cessation d’activité.
Selon le Code du travail, un licenciement pour motif économique doit être justifié par « un motif non inhérent à la personne du salarié résultant d’une suppression ou transformation d’emploi ou d’une modification refusée par le salarié, consécutive notamment à des difficultés économiques ou à des mutations technologiques » (article L1233-3).
Les conditions préalables au licenciement pour motif économique
Pour être valable, le licenciement pour motif économique doit répondre à plusieurs conditions. Tout d’abord, l’employeur doit prouver que les difficultés économiques sont réelles et sérieuses, en fournissant des éléments concrets tels que des chiffres d’affaires en baisse ou des pertes financières importantes. De plus, il doit démontrer que ces difficultés ont un impact direct sur l’emploi du salarié concerné.
Par ailleurs, l’employeur doit respecter les règles relatives à l’ordre des licenciements, c’est-à-dire qu’il ne peut pas choisir arbitrairement les salariés à licencier. Il doit tenir compte de critères objectifs et pertinents, tels que l’ancienneté, les charges de famille, la situation sociale et professionnelle ou encore les qualités professionnelles.
La procédure de licenciement pour motif économique
La procédure de licenciement pour motif économique varie en fonction du nombre de salariés concernés et de la taille de l’entreprise. Dans tous les cas, elle doit respecter plusieurs étapes clés :
- Consultation préalable des représentants du personnel : si le projet de licenciement concerne au moins 10 salariés sur une même période de 30 jours, l’employeur doit consulter préalablement le comité social et économique (CSE) en lui fournissant un certain nombre d’informations sur les motifs du licenciement et les mesures envisagées.
- Entretien préalable : quel que soit le nombre de salariés concernés, l’employeur doit convoquer chaque salarié à un entretien préalable, au cours duquel il lui exposera les motifs du licenciement et recueillera ses éventuelles observations.
- Notification du licenciement : après l’entretien préalable, l’employeur doit notifier par écrit le licenciement au salarié, en précisant les motifs économiques qui le justifient et en respectant un délai minimum de 7 jours ouvrables (ou 15 jours calendaires pour les cadres) après l’entretien préalable.
Les obligations de reclassement et de formation
Avant de procéder au licenciement pour motif économique, l’employeur doit rechercher toutes les possibilités de reclassement du salarié concerné, c’est-à-dire lui proposer un autre emploi au sein de l’entreprise ou du groupe auquel elle appartient. Cette obligation s’étend également aux entreprises situées à l’étranger appartenant au même groupe.
L’employeur doit également mettre en place des mesures d’accompagnement professionnel, telles que des actions de formation ou des aides à la reconversion, afin de faciliter le retour à l’emploi des salariés licenciés pour motif économique. Ces mesures sont généralement définies dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) lorsque le nombre de salariés concernés est important.
Les indemnités légales et conventionnelles
En cas de licenciement pour motif économique, le salarié a droit à plusieurs types d’indemnités :
- Indemnité légale de licenciement : elle est calculée en fonction de l’ancienneté du salarié et de son salaire brut, selon des modalités précisées par la loi.
- Indemnité conventionnelle de licenciement : certaines conventions collectives prévoient des indemnités de licenciement supérieures à celles prévues par la loi. Dans ce cas, le salarié bénéficie de l’indemnité la plus avantageuse pour lui.
- Indemnité compensatrice de préavis : elle correspond au montant du salaire que le salarié aurait perçu s’il avait travaillé pendant la durée du préavis, qui varie en fonction de son ancienneté et de sa catégorie professionnelle.
Enfin, il convient de rappeler que le salarié licencié pour motif économique bénéficie également d’une priorité de réembauche au sein de l’entreprise pendant un délai d’un an à compter de la fin de son contrat de travail, sous réserve qu’il en fasse la demande écrite dans les 12 mois suivant son départ.