La question des droits des personnes malentendantes au travail est un enjeu majeur pour l’égalité professionnelle et l’inclusion sociale. En effet, les travailleurs souffrant de troubles auditifs rencontrent souvent des difficultés d’accès à l’emploi, de maintien dans leur poste et de progression de carrière. Cet article vise à présenter les principaux aspects juridiques et pratiques relatifs aux droits des personnes malentendantes au travail, ainsi que quelques conseils pour favoriser leur intégration professionnelle.
Droit à la non-discrimination et à l’aménagement raisonnable du poste de travail
En France, le Code du travail interdit toute discrimination fondée sur le handicap, y compris la surdité, lors de l’embauche ou dans le déroulement de la carrière (article L. 1132-1). Les employeurs doivent donc veiller à garantir la non-discrimination des candidats et salariés malentendants, que ce soit dans les offres d’emploi, les entretiens, les promotions ou les formations professionnelles.
De plus, selon la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les employeurs ont une obligation d’aménagement raisonnable du poste de travail pour permettre aux salariés malentendants d’exercer leurs fonctions dans les meilleures conditions possibles. Cela peut inclure des mesures telles que :
- L’adaptation des horaires de travail
- La mise à disposition d’équipements spécifiques (amplificateurs de son, téléphones avec signal lumineux, etc.)
- La formation des collègues et supérieurs hiérarchiques à la communication avec les personnes malentendantes
Accès aux dispositifs de soutien et d’accompagnement professionnel
Les travailleurs malentendants peuvent bénéficier de divers dispositifs de soutien et d’accompagnement pour faciliter leur insertion professionnelle. Parmi ceux-ci figurent notamment :
- Le maintien dans l’emploi : les salariés malentendants qui rencontrent des difficultés liées à leur handicap peuvent solliciter le soutien des services spécialisés (Sameth, Cap emploi, etc.) pour obtenir un accompagnement individualisé et adapté à leurs besoins.
- La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) : cette démarche permet d’accéder à certains avantages en matière d’emploi (aide à la recherche d’emploi, aménagements du poste de travail, formations spécifiques, etc.). Pour cela, il convient de déposer une demande auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).
Mesures incitatives pour les employeurs
Afin d’encourager l’embauche et le maintien dans l’emploi des personnes malentendantes, plusieurs mesures incitatives sont prévues pour les employeurs, notamment :
- Le crédit d’impôt pour la formation des salariés handicapés : les entreprises peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt sur le coût des formations spécifiques dispensées à leurs salariés malentendants.
- L’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) : les entreprises de 20 salariés et plus sont tenues d’employer au moins 6% de personnes handicapées dans leur effectif total. En cas de non-respect de cette obligation, elles doivent s’acquitter d’une contribution financière auprès de l’Agefiph (Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées).
Conseils pour favoriser l’intégration professionnelle des personnes malentendantes
Pour contribuer à une meilleure intégration professionnelle des salariés malentendants, voici quelques recommandations susceptibles d’aider les employeurs et les collègues de travail :
- Favoriser une communication adaptée : apprendre quelques bases de la langue des signes française (LSF), utiliser un langage clair et précis, parler face aux personnes malentendantes pour faciliter la lecture labiale, etc.
- Mettre en place des moyens techniques adaptés : signalétiques visuelles dans l’environnement de travail, technologies d’aide à la communication (boucle magnétique, vidéotranscription en temps réel, etc.), accessibilité numérique des documents de travail, etc.
- Instaurer une culture d’entreprise inclusive : sensibiliser l’ensemble du personnel aux enjeux de la diversité et du handicap, valoriser les compétences des salariés malentendants, mettre en place des dispositifs de soutien (tutorat, parrainage, etc.).
En somme, les droits des personnes malentendantes au travail constituent un enjeu essentiel pour favoriser leur égalité professionnelle et leur participation à la vie économique et sociale. Il appartient à tous les acteurs concernés (employeurs, salariés, institutions) de s’impliquer activement dans la mise en œuvre de ces droits et le développement d’une culture d’inclusion au sein du monde du travail.